Au début de la seconde partie du Rouge et le Noir, Julien Sorel, débarquant à Paris, dans cette ville qu’il ne connaît pas et dont il n’a de représentations que fantasmatiques, se rend chez l’Abbé Pirard pour être conseillé sur ce qui l’attend dans l’hôtel de la Mole où il a obtenu qu’on le place. L’Abbé Pirard, janséniste, est la figure principale du religieux dans le roman -austérité morale, du reste, beaucoup plus que comme rapport au sacré ou au magique. Autrement dit, l’Abbé Pirard, dont la fonction lui ferait tenir, dans une épopée, le rôle du barde ou du prêtre (voire de la nymphe), n’a pas ici de rapport particulier avec Dieu : sa figure ne vaut que, séculièrement, comme rectitude morale – ou même seulement (parce que l’on n’a pas accès à sa psychologie) comme parole énonçant la rectitude, à l’aune de laquelle on peut mieux mesurer les égarements de Julien. Du reste, les conseils qu’il prodigue et les prophéties qu’il rend sont fausses – et ajoutent plutôt au suspense plutôt qu’elles ne l’entament. Le lecteur s’amuse, on l’amuse. On se rendra compte de l’incompétence magique de l’abbé Pirard en la mettant en regard de la manière dont les divinations sont rendues, dans l’Odyssée : (suite…)
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La croisade s’amuse