On retient souvent des épopées anciennes leur souffle, la manière dont elles mêlent l’individu et la collectivité pour raconter les hauts faits de grands héros – et le mot « épique » ne dit en un sens pas autre chose. C’est cette dimension, épique, que la plupart des œuvres de la modernité réactivent lorsqu’elles cherchent à s’inscrire dans une filiation avec l’épopée, en faisant de leurs héros les porteurs d’aspirations plus larges que leur seule individualité – ou les symboles de valeurs universelles, qui les dépassent. Pourtant, cette importance de la dimension épique, issue d’une lecture des anciens par une modernité optimiste, sûre de ses valeurs et cherchant des héros qui pourraient les porter, en occulte une autre, qui lui sied moins : la dimension tragique de la narration, qui se propose de ne raconter que ce qui est – et non « ce qui devrait être » – et dont les chants suivent des héros non en train de poursuivre de grandes desseins, mais au contraire ballotés, ici et là, par le destin. Et le destin, ce ne sont pas les décrets arbitraires des dieux, c’est la nécessité qui gouverne le monde – et qui en fait un cosmos, une harmonie : (suite…)
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