Marigots

 

NB : Le marigot est une prose de 1000 signes exactement (espaces comprises) rythmée par une onde syntaxique qui enlise la lecture. Les limites en sont relativement stables mais nous nous retrouvons subrepticement à patauger en son milieu, sans savoir par où nous y sommes arrivés ni comment en ressortir ; c’est trop peu profond cependant pour nous faire peur ou nous décourager. Nous avons l’eau jusqu’à mi-cuisse, mais nous sommes quand même pris au piège. Contraints et forcés, nous abandonnons l’espoir de sortir et contemplons l’écosystème qui s’épanouit là ; des algues et des poissons monstrueux, des bouts de ferraille et les épaves d’un sens qui rêva peut-être, jadis, de conquérir l’Amérique. Ce n’est une forme parfaite, mais le sonnet me semblait à la fois un peu trop court et un peu trop carillonnant lorsque je suis tombé dans le marigot : j’aime l’articulation du désespoir de l’enlisement et, au moment de découvrir un premier poisson qui passe, de la fascination.