访 戴 天 山 道 士 不 遇
李白
犬 吠 水 声 中
桃 花 带 露 浓。
树 深 时 见 鹿
溪 午 不 闻 钟。
野 竹 分 青 霭
飞 泉 挂 碧 峰。
无 人 知 所 去
愁 倚 二 三 松。
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Visite à un maître taoïste du Mont Daitian, introuvable
(Poème de Li Bai, traduction maison)
Un jappement de chien parmi les bruits de l’eau ;
des fleurs de pêcher lourdes de rosée épaisse.
On voit parfois un cerf au fond de la forêt,
on n’entend pas de cloche à midi sur la rive.
Sauvages les bambous coupent la brume bleue,
la cascade se pend à un pic émeraude.
Chacun de nous ignore où cet homme est parti
et s’appuie tristement contre deux ou trois pins.
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Commentaire
On se demande souvent comment rendre en français l’intérêt des poèmes chinois classiques. Sans toutefois rentrer dans la complexité des règles prosodiques entre les différents styles de poèmes, il faut essayer de faire mieux que la traduction vers-à-vers à laquelle on se sent souvent condamné, et qui aboutit à donner l’impression que la poésie chinoise est à la fois libre et terne, alors qu’au contraire — par exemple celle de Li Bai — elle crépite, tout en étant très codifiée. La traduction que je viens de proposer se donne pour objectif (sans sacrifier le sens) de faire apparaître 1. la régularité métrique des vers, 2. le parallélisme qui structure chaque distique, et 3. l’ambiguïté liée notamment à l’absence des pronoms personnels en chinois : ainsi dans l’original (page suivante), la saveur des deux derniers vers tient notamment au fait qu’ils peuvent se lire à la fois « Personne ne sait dans quel endroit [il] est allé, / [et je m’]appuie tristement contre deux ou trois pins » et « Personne ne sait dans quel endroit [il] est allé, / [où il s’]appuie tristement contre deux ou trois pins ».
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