L’esprit de Noël

Dans la campagne (encerclant York comme un premier
intervalle incertain de décompensation
autour du centre-ville insolent de chaleur,
matérialisant miraculeusement
le rêve de confort d’une classe acceptant
l’univers hors les murs à feu et à sang, contre
le cosmos merveilleux d’un centre-ville ancien —
le chaos est la rançon de la cathédrale,
carillonnant comme une folle à mon retour
de footing, où je croise un tas d’Anglais parfaits,
femme le carré blond, homme à tête de Ted
Hughes) plate, humide et grise, où les « pas canadiens »
empêchant les troupeaux de sortir de leur champ
dessinent sur le sol comme un double-sonnet,

les pylônes déploient leurs toiles électriques
comme des araignées déprimées, résignées ;
on ne croise au matin que des propriétaires
de chien et des coureurs, parfois en train d’écrire
sur leur portable (honte !) en même temps qu’ils courent.
Au bord de l’eau, créant un saisissant contraste
sur l’herbe vert fluo grisée par la rosée,
une toile de tente au rouge Santa Claus.
Un seul pauvre, l’unique infortunée du monde
ne suffit-elle pas à rendre insupportable
la joie du joyeux qui cuve un vin de Noël —
et réclame que râle la voix irritante,
irritée (tel mon nez, au moment où je longe
une station d’épuration) d’une critique ?

Publié par


Laisser un commentaire

En savoir plus sur Pierre Vinclair - l'atelier en ligne

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture