Retrouver la page des « Marigots »
Face à la peintre qui lui rend un rictus satisfait (et nous les invisibles se synthétisant), l’homme est assis sur un fauteuil au flanc duquel on lit : « Lavinia Fontana de [illisible] faciebat MDLXX [chiffres effacés]. » De la main gauche, il feuillette négligemment un épais in-quarto dont le texte se figure en pattes de mouches gribouillées, parallèles, insignifiantes ou signifiant seulement les signes, titres, marginalia de nos pensées magiques. Vêtu de beau tissu, fourrure surmontée par une fraise dont les motifs géométriques sont peints avec application, il porte un énorme chapeau tout bouffant de velours, si assombri qu’on ne le remarque pas sur fond de mur marron derrière lequel s’esquisse plus claire une bibliothèque. Du livre sa main gauche tient en suspension une liasse épaisse, à droite de laquelle nargue l’encrier, et tandis qu’au-dessus le sablier rendu au tiers de sa cotisation nous parle. Regarde : l’instant précis : le drame insaisissable d’un écrivain tournant la page.

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