Retrouver la page des « Marigots »
Tout événement se décompose en un duo comique : la forme est un grand type dégingandé, le contenu nerveux ou le contraire. Ils ne nous regardent pas ; leur ressemblance avec nos attendus n’est qu’une contrainte qu’il nous faut ajouter à ce qui a eu lieu lorsque la toile des choses s’est trouée ou qu’elle s’est excédée d’une nouvelle dimension. Si ces personnages s’interrompent pour s’adresser soudain à nous, l’effet de réel suit la distanciation comme un plagiat : de même ne me suis-je pas drôlement donné pour règle du jeu la plausibilité d’un vouloir-dire, fût-il troublé, par-dessus le marché ? Pensez, l’intelligence superficielle du sens vous donne le sentiment ravi d’un temps accompagné. Pendant que chacun se rassure, la ligne vit sa vie, jouit l’aventure en sautant solitaire d’une chose obscure à l’autre au gré de satanées bonnes courbes. Quant à cette prophétie vue de plongée, elle n’implique pas qu’un lieu contienne son spectateur, elle fait seulement de lui un élément du songe.
[Illustration : Rembrandt, « Jérémie pleurant la destruction de Jérusalem », 1630]

Laisser un commentaire