Marigot 16

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Comme tel étranger au chapeau aperçu contemplant une fumée de train rejoindre les nuages, un peintre, ayant oublié la troisième dimension, ne songeait que contrastes, parallélismes et arabesques — tout n’est qu’image, pense-t-il, me dis-je. Ou bien si elle est composée, l’apparence ne fait-elle pas également événement ? Souvent, dans le cours encombré des villes, ce promeneur discret s’arrête à mi-chemin d’un pont gris de béton pour observer l’endroit où le fleuve coule profond. Il se penche et appuie l’œil sur l’eau claire à révéler les agencements qui nous résument : algues rouille, vélos vérolés, bouteilles de verre poisseuses, poissons véloces, médicaments et pollutions. À bas débit, le flot s’évase en un visage qui lui saute au visage et dit : « nous sommes le fleuve et nous sommes l’étranger qui se voit dans le fleuve. » Médusé, le promeneur relance : « Fenêtre à la découpe, parmi ce qui arrive, tout n’est-il pas miraculeux ? » Le miroir d’eau répond : « Cela je cherche encore. »

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Aquarelle de Jérémy Cheval

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