Marigot 15

Dans le réveil quelque chose se tramait, j’entendais crier. La nuit en suspension flottait à l’extérieur de notre appartement comme si l’inconscient n’était pas le marécage intime peuplé de figures familières grimées que l’on nous présentait mais un quadrillage imparfait de rues hostiles, chauves, froides et mouillées, parsemées de merdes brouillées par les automobiles couinant comme les enfants de quatre mois que nous avons été. Tout cela est étranger, désormais. Nous sommes jetés dans le salon où nous attendent les regards d’une famille. Nous saluons. Derrière perdu, ce qui se passe à la fenêtre insignifie ; les tissus se composent avec les bâtiments des rues qui tracent des perspectives ; un rapport de lignes fait horizon ; des silhouettes indifférentes séparent les couleurs ; l’esprit du monde s’incurve dans des parapluies, casquettes, manteaux en patch. Voilà déjà pourtant le couloir et le seuil ; ne voudrions-nous pas ignorer l’alphabet pour faire une expérience de la géométrie ?

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