Marigot 14

Au-delà même de ces copeaux qui orneraient les bibliothèques d’amateurs, espérons-nous trouver le bois d’un plancher stable où vivre, élever des enfants, dresser des pieds de meubles, bureau commode ou chevalet, et ces enfants danser ? Nous rabotons les yeux vides vers le sol, tournant le dos à l’existence en l’air et aux zincs de Paris. Quelqu’un observe quelqu’un d’autre. Tête à l’écharde, nous ne pouvons le voir mais sentons le poids des regards vider notre existence jusqu’à en faire une comédie dont nous serions un personnage involontaire, secondaire, générique — tel figurant le dos tordu, sur les rotules et rabot à la main, dans la biographie commentée d’autrui. Pour donner vie à ce squelette, nous acceptons de contribuer à la jouissance des spectateurs. Comme un vieux train se met en branle nos côtes remuent, la bague de marié va et vient, la lumière ruisselle sur nos crânes. Nous détestons penser : tout le monde est sorti. Nous cherchons dans ce drame ridicule l’élément radical.

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