Marigot 13

Je cours à l’intérieur de moi, dehors m’affecte. Une épée de soleil transperce le marigot, réveillant le monde endormi de particules stagnant — faisant danser les algues, se mouvoir les poissons tapis dans l’ombre épaisse, briller les dents en or d’un cadavre tombé on ne se souvient plus quand, pendant une fête d’anniversaire trop arrosée ? ou les poches pleines de qui ne se supporte plus de pierres, tête dans la vase. Ce sont et ce ne sont pas des mots. La poudre grise de l’inspecteur, par quoi se relevèrent les empreintes du meurtrier (le bougre avait déguisé le crime en suicide !), n’est-ce que de la poudre ? J’envoie, si le besoin s’en fait sentir, la chair de poule d’une nuée de signes à même de révéler le spectacle subaquatique : j’abrite une salle de conférences. Personne ne trouble l’auditoire par des rires inconvenants ou en tapant des pieds ; j’arrache sur scène des phrases l’une après l’autre. C’est moi qu’il faudrait mettre dehors. J’y apprendrai la joie jusqu’à m’y perdre.

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