D’en haut

登高
杜甫

风急天高猿啸哀,
渚清沙白鸟飞回。
无边落木萧萧下,
不尽长江滚滚来。
万里悲秋常作客,
百年多病独登台。
艰难苦恨繁霜鬓,
潦倒新停浊酒杯。

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D’en haut
Du Fu (712-770)

Au vent violent le ciel est haut,
__ et les gibbons gémissent,
Sur le clair banc de sable blanc,
__ un oiseau vole en cercles.

Les feuilles à perte de vue
__ dans un sifflement chutent,
Et le Grand Fleuve sans limite
__ roule sa grosse houle.

Partout sur terre j’ai connu
__ de maussades automnes,
Très vieux, souvent malade, seul,
__ je monte à la terrasse.

Adversité et désespoir
__ ont tant givré mes tempes,
Rincé, à terre, enfin j’arrête
__ de boire ce vin trouble.

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Commentaire

(V2 prenant en compte les remarques de Nicolas Chapuis). Du Fu utilise un vers classique en 7 caractères, fortement césuré après le 4ème ; je le rends en articulant un octosyllabe et un hexasyllabe. Dans cette pièce où (comme d’habitude) chaque distique (rendu par un quatrain dans la traduction) se structure dans un parallélisme, les choses se compliquent : d’une part, à cause de l’expression très heurtée de Du Fu, les caractères se cognant les uns les autres comme une concaténation de cailloux dans le pierrier du poème. Ainsi, le premier vers dit littéralement « Vent violent ciel haut singe hurle peine », et le second « banc [de sable] clair sable blanc oiseau vole cercle » en laissant les quatre premiers caractères de chacun dans une espèce d’état d’indécision syntaxique. J’ai essayé, sans aller jusqu’à la brisure, de rendre compte de cette économie. Autre difficulté : les onomatopées (la langue chinoise en est friande). En effet, dans le deuxième quatrain, Du Fu ne mentionne pas explicitement le vent, mais son « xiao xiao », ni le roulement du fleuve, mais son « gun gun ». À défaut de disposer des mêmes onomatopées en français, j’ai travaillé les allitérations et les assonances. Le dernier vers, enfin, est ambigu ; les caractères signifient « sous les flots / renversé / récent / arrêter / trouble / vin / verre » ; la plupart des traducteurs proposent une traduction littérale des 5 derniers : « J’arrête de boire du vin trouble ». En choisissant l’adjectif démonstratif plutôt qu’un article (de toute façon il n’y a pas de déterminant dans ce poème), je suggère une allégorisation possible, du type « la coupe est pleine », qui me semble aller avec la place finale du vers.

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