Vient de paraitre chez Joca Seria une nouvelle traduction d’Autoportrait dans un miroir convexe, le livre le plus célèbre (paru en 1975) de John Ashbery (1927-2017), le poète américain sans doute le plus marquant des cinquante dernières années. Un livre à la fois déroutant et attachant, énigmatique pour ne pas dire mystérieux, excitant la pulsion d’interprétation autant qu’il se refuse résolument au commentaire. La quatrième de couverture ne met-elle d’ailleurs pas en garde ? « Tout artiste qui se respecte devrait avoir comme seul objectif de créer une œuvre dont le critique ne saurait même commencer à parler », y proclame Ashbery. Attention, donc : No trespassing. Poète méchant. Donc n’en parlons pas… ! À moins que, mal élevé ou titillé par une mise en garde sonnant comme une provocation, on y entende un défi — et même, une invitation. Tout critique qui se respecte ne devrait-il pas avoir comme objectif de dire la vérité sur l’œuvre qui se refuse à lui ? Dire la vérité, c’est un bien grand mot. Mais décrire de manière satisfaisante, quitte à pointer ce qui apparait fuyant. Ou encore, tracer les contours d’un mystère : faire le portrait, pour paraphraser Paul, de ce qui se donne comme une énigme dans un miroir ? Avec beaucoup d’humilité (et un peu de liberté).
Feuilleton (en cours !) sur Poezibao où sont déjà disponibles les trois premiers épisodes :
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