Quand vint la fin de tout. Chacun fit vœu de pauvreté.
C’est ainsi que l’on vit s’éloigner, frémissantes, leurs chandelles : ceux parmi les fidèles dont la foi résistait, irréductible aux vérités binaires des machines, s’enfonçaient là dans l’autre, insignifiants deux par deux en se donnant la main, formant les processions interminables, des pantins rejoignant le néant… Pleuraient-ils ou se réjouissaient-ils ? Qu’importe : ils croyaient. Nous autres demeurâmes, éclairés par la lumière blanche des écrans – ça n’était que des nœuds – en attendant qu’ils nous étouffent, pensions-nous, qu’ils nous résolvent. Mais comme les nœuds craquèrent, comme la Terre était ronde, nous fûmes condamnés à nous trouver encore, encore, nous qui n’avions plus rien, eux qui n’étaient plus que des restes, et nous nous reconnûmes honteux, chacun
dans son costume de mots trop grands. On recommencera, glissèrent-ils.
(extrait des Gestes impossibles, à paraître en octobre chez Flammarion.)
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